L’INFO vous propose quelques plages de vie en complément de ses éditions print.

COUP DE PROJECTEUR

Numéro 39

LES CONTRIBUTIONS D’UN CHERCHEUR VISIONNAIRE

Touradj Ebrahimi se sent chez lui à Crans-Montana où il a installé sa société RayShaper il y a trois ans. Il y séjourne aussi souvent que le permettent ses nombreuses occupations professionnelles en Suisse et à l’étranger. Car ce scientifique vaudois de cinquante-sept ans est également professeur à l’EPFL et président du comité JPEG. Lauréat 2022 de la très prestigieuse médaille « Progress » du SMPTE (une sorte de prix Nobel des techniciens du cinéma et de la télévision), Touradj Ebrahimi évoque à Pierre-Armand Dussex de l’INFO les enjeux d’un monde où les données numériques occupent une place toujours plus importante.

Touradj Ebrahimi, vos travaux portent sur des technologies complexes, pourtant vous travaillez également sur des applications très pratiques, qui visent à simplifier la vie des gens comme le JPEG, ce format qui permet de réduire le poids des images. Expliquez-nous !


Complexe ne veut pas forcément dire compliqué. Prenez l’exemple d’une montre suisse. Son mécanisme est complexe, mais son utilisant est simple, car tout le monde peut lire l’heure. Les formats JPEG ont été conçus pour qu’il puisse être toujours garantir une utilisation simple grâce à l’une interopérabilité entre les applications d’hier, d’aujourd’hui et de demain, ce qui n’est pas le cas pour le format Word par exemple. Je m’explique : trop souvent, lorsque vous ouvrez un fichier récent avec un vieux logiciel, le programme va vous demander de télécharger une version plus récente. Avec les formats JPEG nous assurons une totale transparence dans les deux sens pour l’utilisateur. Ce n’est pas à lui de se préoccuper de cette interopérabilité. Le JPEG permet aussi aux développeurs dans le domaine de l’imagerie, de créer des algorithmes de compression très performants et très rapides pour réduire le poids des images. Cela incite ces développeurs à être créatifs et à se livrer à une bonne concurrence. Cependant, l’algorithme de décompression reste le même pour tout le monde et cela facilite beaucoup la vie des utilisateurs. Nous travaillons depuis trente ans dans un esprit « Open source » pour que la communauté de développeurs puisse faire progresser le format afin de partager librement et de préférence gratuitement les innovations. En contrepartie, ces développeurs se contentent souvent d’avoir contribué au développement d’une technologie au service de l’humanité et d’avoir une reconnaissance par leurs pairs, plutôt que d’une compensation monétaire.

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Touradj Ebrahimi pose avec la médaille SMPTE


Au-delà du poids des données, de la qualité et de la rapidité, comment les formats d’images vont-ils évoluer ?


Un des défis du comité JPEG est de prédire à quoi ressemblera le monde de l’imagerie d’ici trois à cinq ans et d’imaginer un écosystème technologique pour définir un format qui convienne aux utilisateurs. Jusqu’à présent les images étaient destinées à des êtres humains. À l’avenir elles seront de plus en plus destinées à des machines, comme par exemple les voitures autonomes. C’est à nous de préparer ces formats pour que ces machines puissent les interpréter grâce à l’intelligence artificielle ou encore à nous aider à les classer, par lieux, par dates ou encore par sujets présents sur les photos. C’est l’idée derrière notre nouveau format JPEG AI qui est en cours de développement. Nous allons aussi sortir d’ici peu une nouvelle norme qui permettra de savoir si une image a été modifiée, comme c’est le cas pour les deep fakes, ces trucages vidéo indécelables par l’œil humain. On voit de plus en plus d’images qui sont synthétisées ou manipulées, que ce soit sur Tik Tok ou sur Instagram. En soi ce n’est pas une mauvaise chose pourtant je pense que nous sommes en droit de savoir de quelle manière ces images ont été créés ou modifiées. Pour cela, les informations d’altération doivent être intégrées aux fichiers de façon fiable comme c’est le cas aujourd’hui avec des signatures numériques dans le domaine bancaire par exemple.

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La médaille SMPTE n'a pas changé depuis sa création


L’un des buts du JPEG est de réduire le poids des images tout en conservant une très bonne qualité. Mais la quantité des données produites par l’humanité s’accroit de manière exponentielle et de ce fait, elle est en train de devenir problématique. L’énergie et le stockage tout comme l’obsolescence programmée sont donc au cœur de vos recherches ?


Exactement. Dans un monde où l’on est incité à changer de smartphone très souvent, nous avons réussi l’exploit de maintenir la norme JPEG populaire depuis trente ans. En favorisant l’innovation, on a, en plus, permis une importante économie d’énergie. Un fabricant de téléphone portable sera davantage intéressé à utiliser un algorithme permettant de compresser dix images, là où son concurrent n’en compressera qu’une seule avec la même quantité d’électricité. D’un autre côté, les data centers, ces centres qui stockent et distribuent les données informatiques, consomment toujours plus d’énergie, notamment pour leur refroidissement. Trop souvent cette énergie provient de ressources fossiles comme le pétrole, le gaz et le charbon. Trouver des solutions efficaces en coût énergétique est donc un véritable enjeu climatique.


Quelles sont les pistes sur lesquelles vous travaillez pour résoudre ces questions environnementales ?


Nous travaillons actuellement sur le stockage des images sous forme d’ADN synthétique, ces longues chaines en double hélice qui codent l’information génétique en alignant des successions de petits blocs de molécules. Présentes dans chaque cellule vivante, elles contiennent de façon très condensée toute l’information nécessaire au bon fonctionnement des organismes. Grâce aux progrès considérables de ces dernières années, on sait maintenant les lire et même les écrire ces codes avec des appareils de moins en moins coûteux. Notre idée est de coder toute sorte de données informatiques sous forme de petits brins d’ADN mais un peu plus courts que ceux contenus dans les cellules vivantes. Une fois synthétisées, ces chaines microscopiques sont intégrées dans un gel qui permet de stocker une énorme quantité de données dans un très faible volume. À titre d’exemple, avec ce procédé, on pourrait faire tenir toutes les données produites par l’humanité dans un seul bloc d’un mètre cube. Un autre avantage est la durabilité de l’information. L’ADN est très stable et peut, dans des conditions normales de températures, se conserver des milliers d’années sans se dégrader. De plus, il n’y a plus besoin d’énergie une fois les données écrites contrairement aux data centers actuels. Reste un défi : la rapidité d’accès qui devra encore être améliorée. Je suis persuadé que cette technologie deviendra mature très bientôt et qu’elle pourra être mise en œuvre d’ici cinq ans déjà.

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Et voici la vidéo de la remise de la médaille :

Numéro 38

GOTHAM CRANS-MONTANA : LIFESTYLE URBAIN À LA MONTAGNE

Apprécié des générations Z, mais pas seulement, le coworking propose des bureaux pour les entrepreneurs, les startups et les sociétés qui souhaitent valoriser les échanges grâce à des espaces partagés, des services mutualisés et des événements inspirants pour toute la communauté. Entre Crans-Montana, destination de l’innovation, et Gotham, réseau romand de coworking, la connexion était évidente. Elle s’est concrétisée cet été avec l’inauguration d’un nouvel espace en plein cœur de la station. Le photographe de l’INFO, Luciano Miglionico, était présent à l’inauguration.

Numéro 36

CMTC se porte bien

Jean-Daniel Clivaz et Bruno Huggler, président et directeur de Crans-Montana Tourisme & Congrès, se réjouissent des bons résultats obtenus en 2020-2021. Le retour de certains grands événements, comme l’Omega European Masters, le renforcement de la présence digitale et sur les réseaux sociaux, ainsi que l’émergence de nouvelles manifestations qui ont prolongé les saisons ont constitué d’autres motifs de satisfaction. « Nos perspectives sont bonnes », ont-ils précisé à Blaise Craviolini dans l’édition N° 36 de l’INFO. Ci-dessous, notre rédacteur livre un condensé chiffré évocateur du dernier exercice comptable de CMTC.

Cmtc 

LA PREUVE PAR LES CHIFFRES

53'585

En francs, le bénéfice net de la période concernée (au 31 octobre 2021).

429'898

En francs, et après le report de l'excédent de recettes susmentionné, les capitaux propres de CMTC.

6,5

En pourcents, la progression globale des nuits hôtelières. La baisse de fréquentation hivernale (-22%) a largement été compensée par les autres saisons, notamment par un automne exceptionnel (+42%).

2'469'786

Comme le nombre de personnes qui ont passé une nuit dans notre destination durant cet exercice. Soit 240'653 dans les hôtels ou maisons d'hôtes, 22'485 dans les campings, établissements de cures ou cabanes, 123'585 dans les écoles internationales ou instituts, et 2'083'063 dans les résidences secondaires, appartements, chalets ou chez les résidents.

84,8

En pourcents, le nombre de Suisses dans la répartition ci-dessus. Les étrangers n'ont donc représenté que le 15,2% de la fréquentation.

34,9

En pourcents, le nombre de personnes de la tranche d'âge 40-64 ans – majoritaire – qui ont passé au moins une nuit à Crans-Montana. Suivent dans l'ordre les 20-39 ans (26%), les moins de 20 ans (20,7%) et les plus de 65 ans (18,4%).

50,5

En pourcents, le nombre de femmes de ces mêmes statistiques (contre 49,5%) pour les hommes. L'équilibre parfait… ou presque!

35,7

En pourcents, le nombre de Vaudois – parmi les Suisses – qui ont séjourné sur le Haut-Plateau. Suivent dans l'ordre les Genevois (22,8%), les Fribourgeois (8,9%), les Bernois (8,4%) et les Zurichois (5,6%).

23,8

En pourcent, le nombre de Français – parmi les étrangers – qui ont dormi dans notre coin de pays. Suivent dans l'ordre les Italiens (18,1%), les Néerlandais (15,3%), les Allemands (7,4%) et les citoyens du Royaume-Uni (6,7%).

9

Comme le nombre de campagnes digitales orchestrées par CMTC durant cet exercice, générant 27,5 millions d'impressions et 300'000 visites sur le site Internet.

6,4

En millions, le nombre de pages consultées par les visiteurs, toute provenances confondues, sur le site Internet de CMTC. C'est énorme, tout simplement énorme!

Numéro 34

Initiée par Rafal Hys, délégué à la promotion économique de l’ACCM, l’installation d’entreprises novatrices sur le territoire de la destination offre à celle-ci un nouveau souffle.  Exemple d’implémentation réussie avec Nevomo, société internationale leader du transport du futur. Dans le numéro 32 de l’INFO, Sylvie Chevalier vous présentait Milan Chromik, CEO de Nevomo, lors de son arrivée à Crans-Montana avec sa famille. Début 2022, la firme ferroviaire de pointe exposait sa technologie MagRail à l’Expo universelle de Dubaï tout en jouant les ambassadrices de la région. Retour sur les développements envisagés dans le numéro 34 et ci-dessous en vidéo.

 

Numéro 24

Le semi-confinement sur un air de fanfare

Le mouvement a pris une ampleur cantonale. Il a forcément gagné Chermignon. Depuis le 21 mars, les musiciens et chanteurs du village font résonner les ruelles désertes au son de mélodies choisies. Immersion émue dans un samedi soir pas comme les autres…

 

Ce samedi-là, au plus fort de la pandémie de coronavirus, tout ce que Chermignon compte de musiciens et de chanteurs s’est mobilisé. Il y a les deux fanfares locales des Blancs et des Jaunes, l’Ancienne Cécilia et la Cécilia, ainsi que la chorale du «bled», le Chœur mixte de Saint-Georges. Oubliées les rivalités ancestrales (elles se sont quand même bien estompées), envolée la quête de titres et de performances musicales ! Non, l’objectif - ici - est d’apporter un peu de réconfort, d’espoir, et d’égayer, même furtivement, une population meurtrie par les événements.

 

Grands classiques revisités

Le concept est parti d’une poignée de mélomanes et de passionnés fulliérains. Qui, plutôt que d’applaudir le corps médical et toute autre corporation méritoire sur leur balcon, ont préféré s’exprimer par leur tribune de prédilection : la fanfare. Des vidéos ont été diffusées sur les réseaux sociaux et le mouvement, quasi frénétique, a rapidement gagné l’ensemble du canton. Dans les villages surtout. Un comité cantonal officieux s’est même improvisé, à la hâte, pour décider, de semaine en semaine, des morceaux qui allaient être interprétés. De Bella Ciao à l’hymne national, en passant par l’incontournable Marignan et le non moins fameux Sentiers valaisans, le répertoire des plus grands classiques a été revisité.

Il est 20h30, ce samedi-là donc, et Chermignon-d’en-Bas est déjà plongé dans le calme absolu, presque angoissant, et l’obscurité naissante. À deux pas de l’arrêt de bus, en face du Relais-Fleuri, nul besoin de tendre trop l’oreille pour percevoir les notes qui s’échappent d’une ancienne grange transformée en coquette demeure familiale. Loin de nous l’idée de jouer les voyeurs de service, mais on aperçoit distinctement, derrière les vitres éclairées, une bande de joyeux lurons. Qui s’astreignent à une mini-répétition sur le thème du jour, Sentiers valaisans en l’occurrence. La règle des cinq personnes est - de justesse - respectée, tout comme la distanciation sociale de deux mètres.

 

Une éclaircie dans la grisaille

Mélissa Lagger (cornet), Éric Duc (alto), Thomas Bagnoud (cornet), Damien Lagger (trombone) et Cyril Antille (basse Sib), un ami jouant à Noës mais domicilié à Chermignon, ont une demi-heure, guère plus, pour accorder leurs violons - façon d’écrire - et peaufiner leurs gammes. À 21 heures, ils se mueront en artistes de rue. «Ce n’est pas le genre de morceau que l’on joue habituellement dans les festivals ou devant un jury, souligne Éric Duc. Mais on va se concentrer et jouer du mieux possible.» Et d’ajouter sur le ton de la boutade : «Après tout, on a eu partition plus difficile à maîtriser…» 

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L’heure H a sonné. La bande des cinq n’a qu’à traverser la route pour se mettre en formation, en demi-cercle, se gardant bien, encore et toujours, de violer la distanciation sociale. Sur les balcons environnants, on devine des curieux. Quelques voisins, dont une mère de famille avec sa gamine émerveillée, accourent aussi pour ne rien manquer de l’éphémère récital. «Ça fait chaud au cœur de voir ça, s’émeut Cédric Briguet. Un grand moment d’émotion que j’attends chaque semaine. C’est une véritable éclaircie dans la grisaille, un bel élan de solidarité.» Un bus de la compagnie SMC passe au même moment. Le chauffeur offre un coup de klaxon complice - et un grand salut - aux cinq virtuoses et à leur public. Au loin, on entend également des notes d’autres musiciens disséminés dans tous les quartiers du village, selon une savante répartition.

 

Un plaisir réciproque

Deux minutes et 37 secondes plus tard, si l’on en croit le time-code de la vidéo de notre téléphone portable, les Sentiers valaisans ont vécu. Quelques applaudissements nourris retentissent. Les gens ont la banane, les musiciens aussi. «L’ambiance des répétitions et des festivals nous manque, assure Mélissa Lagger. Ça fait du bien de se retrouver ensemble, même en comité restreint, pour sortir un peu et retrouver la sensation de jouer. On donne du plaisir aux gens, mais on en prend aussi. Et beaucoup !» 

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«Oui, mais de temps en temps, c’est bonnard de délaisser son instrument et de se ménager une petite pause. Il faut juste que cette trêve ne dure pas trop longtemps», surenchérit Thomas Bagnoud. «Par rapport aux villes, le contexte est différent, estime pour sa part Cyril Antille. Ici, il n’y a pas de grands immeubles avec plein de gens sur leur balcon. Nous, on doit se contenter de quelques auditeurs. C’est bien aussi ce côté intimiste. Notre message d’encouragement à la population, de toute façon, on le diffusera à travers une vidéo postée sur les réseaux sociaux.» Leur «forfait» accompli, les cinq musiciens termineront leur soirée par un mini-débriefing convivial. «Nous nous réjouissons d’ores et déjà de remettre ça samedi prochain…»

Par Blaise Craviolini

 

Les soirées en VIDéOS

www.facebook.com/CeciliaChermignon/videos/224269005518548/

www.facebook.com/CeciliaChermignon/videos/2344849962482075/

www.facebook.com/CeciliaChermignon/videos/819639788546920/

www.facebook.com/CeciliaChermignon/videos/527333124641372/

www.facebook.com/watch/?ref=search&v=250505439452051&external_log_id=51ae4715-3a16-49dd-9035-5a584095ff7b&q=fanfare%20c%C3%A9cilia%20chermignon

www.facebook.com/347553218626631/videos/247016873080879/

 

La soirée en photos

Les musiciens du soir ont été accompagnés par notre photographe Luciano Miglionico.

 

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