Crans-Montana au fil de l'eau

Sommaire:

Crans-Montana n'a pas soif, mais...

L'eau vient parfois à manquer dans les stations touristiques du Valais.  Mieux vaudrait coordonner son utilisation. Ce serait particulièrement utile à Crans-Montana où la division en 6 territoires n'a pas facilité la rationnalisation du réseau.

Les stations doivent-elles craindre de manquer d’eau? Pour répondre à cette question, Emmanuel Reynard, maître-assistant à l’Université de Lausanne, a étudié de près le cas de Crans-Montana. Il était invité à présenté son travail par la Commission Agenda 21 local de la station en septembre 2001. Pas de pénurie en vue selon lui. Mais il serait bien qu’on se mette à penser gestion de l’eau en terme de bassins versants et non plus de limites administratives, une gestion articulée entre canton et communautés locales.

Dans une environnement de montagne, l’eau fait partie de l’offre touristique: il y a l’eau du robinet, celle qui alimente les piscines, les canons à neige ou les patinoires, celle qui constitue le paysage avec lacs et torrents, etc…. En Valais, le paradoxe fait que l’eau est à la fois une ressource abondante et rare. Pour faire face à l’augmentation des besoins liée au développement de la station, Anzère avait dû, en 1969, être approvisionnée par des camions citernes… Emmanuel Reynard ne craint toutefois pas une situation de pénurie généralisée dans les stations alpines. Crans-Montana, par exemple, peut compter sur une ressource annuelle de l’ordre de 29 millions de m3 (sans tenir compte des eaux concédées à l’usine hydroélectrique avoisinante); les besoins oscillent entre 13,5 et 17 millions de m3 par an.  Les pénuries occasionnelles sont plutôt imputables à un déficit de gestion plutôt qu’à un déficit naturel. A noter tout de même une augmentation prévisible des situations extrêmes, avec de forte sécheresses et des précipitations concentrées.

Gaspillage du patrimoine

Depuis les années 80, un nouvel utilisateur a fait son apparition: l’enneigement mécanique. Les quantités d’eau utilisées par les canons à neige ne sont pas aussi élevées qu’on pourrait le craindre: Emmanuel Renard l’estime pour Crans-Montana à 250'000 m3 par année (l’eau potable équivaut à environ 4,65 millions de m3). Reste que les situations de gaspillage, aggravées par le découpage politique en 6 territoires, n’arrangent pas les choses. Il donne en exemple le fait «qu’une bonne partie de l’eau bue à Crans-Montana en hiver provient des cours d’eau de surface (eau traitée), alors que 75'000 m3 du forage de l’Arnouva (eau souterraine) servent à fabriquer de la neige artificielle»…

Au-delà du manque de coordination, Emmanuel Reynard regrette «l’absence de prise de conscience de la valeur patrimoniale de l’eau.» Chacun cherchant à satisfaire ses besoins sans se soucier de rationalisation. «Les différents utilisateurs on un comportement qui se rapproche plus de la cueillette que d’une politique de préservation de la ressource sur le long terme.» Or, la question de l’eau devient un débat au niveau mondial. Et de citer Roger Cans: «Bien qui tombe du ciel, donc gratuit, l’eau va devenir pour tous une marchandise rare et chère. Comme la nature vierge et les paysages inviolés.»

La Raspille au menu pour 2002

Le groupe de travail dépendant de la Commission Agenda 21 de Crans-Montana va se charger de traite un autre sujet lié à l'eau durant l'année 2002. Au programme, il devrait être question des eaux de la Raspille, de l'histoire mouvementée de son partage, des projets en cours. La question de l'eau est également abordée dans le cadre du Plan d'action Environnement et Santé de l'Office fédéral de la Santé publique pour lequel Crans-Montana est région pilote.

Par Danielle Emery Mayor

Emmanuel Reynard, Gestion patrimoniale et intégrée des ressources en eau dans les stations touristique de montagne. Les cas de Crans-Montana-Aminona et Nendaz (Valais), Thèse présentée à la Faculté des Lettres de l'Université de Lausanne pour l'obtention du grade de Dr ès lettres, avril 2000.
Contact: emmanuel.reynard@igul.unil.ch

 

2002 Année internationale de la montagne: le Valais choisit de parler de l'eau

2002 a été décrétée Année internationale de la montagne par l’ONU. Le Valais entend profiter de l’occasion pour informer et sensibiliser le public au sujet des écosystèmes de montagne, leur fonction, leur dynamique et leur importance démesurée au regard de la surface qu’ils occupent. Il veut aussi créer des liens avec des régions de montagne des autres continents, dans un esprit d’échange, de collaboration et de défense des intérêts communs.

Le thème central de la contribution valaisanne sera «l’eau». L’or bleu, tant du point de vue de sa qualité que de sa quantité, deviendra toujours plus un facteur limitant du développement de nombreuses régions de la planète, et par-là même source de nombreux conflits. En Valais, alors que l’eau coule en suffisance, certaines communes vivent des périodes de pénurie épisodiques qui font prendre conscience que la problématique ne concerne pas seulement de lointaines terres désertiques. Les catastrophes récentes dans la vallée du Rhône montrent que l’eau peut être encore aujourd’hui – et peut-être demain aussi – synonyme de tragédie. Le Grand Conseil valaisan a pris, en août 2002, une décision historique en acceptant le principe de travaux d’Hercule liés à la gestion moderne des eaux du Rhône. Cette 3e correction du fleuve verra vraisemblablement le jour en 2004. Ce nouvel aménagement du Rhône sera d’ailleurs présenté et discuté lors des Etats généraux du développement durable, les 6 et 7 octobre 2001, à Viège.

Informations sur les Etats généraux du développement durable des 6 et 7 octobre 2001, consacrés à la 3e Correction du Rhône en Valais, à demander à l'adresse suivante: info.fddm@freesurf.ch