Ville à la montagne, 
Crans-Montana vise à se mettre au vert

Valais / Victime d'une expansion rapide et désordonnée, le Haut-Plateau veut améliorer sa qualité de vie. Berne lui en donne les moyens en le désignant projet-pilote. Par Bernard Luisier

"En obtenant aujourd'hui la possibilité de concrétiser notre projet "Environnement et Santé" et en jouant désormais la carte nature, je crois que nosu allons pouvoir donner de Crans-Montana une autre image que celle du développement à tout prix." Président de Mollens, délégué responsable des six communes du Haut-Plateau pour le plan d'action "Environnement et Santé" lancé l'automne dernier par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), Stéphane Pont résume ici la "philosophie" que poursuivent en choeur les responsables politiques et économiques de cette station touristique que les Valaisans surnomment volontiers "la ville à la montagne".

Après un appel lancé à l'ensemble des communes suisses par l'OFSP, une quinzaine de projets régionaux furent déposés, dont celui de Crans-Montana, unique candidature valaisanne au demeurant. Finalement, Berne a désigné récemment trois régions-pilotes. Aarau pour son programme de "resocialisation" de quartiers, la région de Thal/Soleure pour ses projets de tourisme doux et Crans-Montana pour ses plans d'amélioration sensible de la mobilité sur ses terres. Trois lieux forts différents qui, tous, vont bénéficier dès l'automne 2001, du soutien financier et technique de l'OFSP pour la réalisation de leurs projets touchant à la fois la santé et l'environnement.

Inverser la vapeur

Les communes d'Icogne, Lens, Chermignon, Montana, Randogne et Mollens, en collaboration avec Crans-Montana Tourisme, publiaient il y a peu une vision commune de l'avenir pour leur région. Ces instances s'appuyaient, pour ce faire, sur une vaste enquête conduite auprès des indigènes comme des hôtes des stations du Haut-Plateau. Sous l'impulsion de Sierre Région, une commission "Agenda 21" vouée au développement durable fut créée pour faire avancer cette "vision commune".

A plus ou moins long terme, l'idée consistera à améliorer toute la circulation sur le Haut-Plateau en "inversant la vapeur", autrement dit à repenser cette circulation en laissant la priorité aux piétons plutôt qu'aux transports motorisés, qu'ils soient publics ou privés. "D'avoir été désignés parmi les projets-pilotes nationaux signifie pour nous l'occasion de mettre la vitesse supérieure en vue d'adapter des projets à des problèmes concrets", note François Parvex, chef de projet "Mobilité et bien-être" de Crans-Montana.

Le rêve de zones piétonnes

Ces questions de zones piétonnes se posent avec acuité depuis des lustres sur le Haut-Plateau. Un problème récurrent que les élus et les citoyens de l'endroit n'avaient jamais pu régler tant il relève du noeud gordiern et du gouffre financier. Désormais, avec l'appui de Berne, il devient possible d'imaginer un jour des zones piétonnnes à Crans-Montana. Mais, aux dires des responsables des six communes conernées, il ne faut cxependant pas s'attendre à des miracles: "Interdire toute circulation sur le Haut-Plateau relèverait de la plus pure utopie", reconnaît Stéphane Pont, le coordinateur régional auprès de l'OFSP. Ce "rêve" que, en Valais, seul Zermatt est à même de proposer à ses hôtes, passerait à Crans-Montana par un changement radical des mentalités. En attendant, la gratuité est offerte toute l'année au public - hôtes comme habitants - sur l'une des lignes principales des bus traversant le Haut-Plateau.

Dans l'immédiat, l'équipe chargée de réaliser les projets appuyés par l'OFSP va d'abord s'atteler à mettre au point d'ici à la fin 2002 un "chemin de la transhumance" reliant les mayens de Cordona et d'Aprilly. Dans le même ordre de délai, il s'agira de revaloriser et d'aménager le lac de la Moubra, sis entre les deux stations de Crans et de Montana. "Nous allons surtout remodeler le rivage du lac pour lui conférer un aspect plus naturel", précise le délégué intercommunal. A cet effet, une collaboration avec les milieux environnementaux semble être souhaitée par les tenants du plan d'action "Environnement et Santé". "Pour l'enneigement artificiel de nos pistes, confirme M. Pont, nous avions procédé en concertation avec le WWF. Même si nous nous attendons à un conflit à propos des canons à neige d'Aminona, nous sommes toujours prêts à travailler avec eux pour l'élaboration de projets qui nécessiteraient l'intervention de certaines compétences." En outre, histoire de ne plus laisser construire des "verrues", une vaste réflexion sur la cohésion architecturale a d'ores et déjà été entreprises.

Article paru dans Le Courrier, samedi 18 août 2001